Samia & Nari : "Tout cela, nous le faisons pour notre famille, pour notre futur enfant."
Samia et Nari, couple Syrien et de la communauté Yézidie, ont été secourus par SOS MEDITERRANEE en janvier 2025 aux côtés de 92 autres personnes.
Samia & Nari : "Tout cela, nous le faisons pour notre famille, pour notre futur enfant."
Samia & Nari
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Samia et Nari ont été secourus par SOS MEDITERRANEE en janvier 2025 aux côtés de 92 autres personnes qui se trouvaient à bord de deux embarcations. Ils forment un couple, respectivement âgés de 21 et 28 ans, et sont originaires de Syrie, plus précisément de la communauté Yézidie. Les Yézidi.e.s sont une minorité religieuse, une minorité persécutée depuis le VIIe siècle et qui subit encore aujourd’hui de nombreuses discriminations. Encore en 2014, l’État Islamique a commis un génocide à leur encontre.
La nuit de leur sauvetage, le 27 janvier 2025, fut une nuit particulièrement marquante pour le couple ainsi que pour l'équipage de SOS MEDITERRANEE. Au sein des 92 personnes rescapées, le cœur de l'une d'entre elles a cessé de battre peu après avoir été secourue. C'était une fillette âgée de 7 ans. Les équipes ont immédiatement pratiqué une réanimation cardio-respiratoire permettant son évacuation d’urgence par hélicoptère vers Malte, avec sa mère et sa sœur. Malheureusement, l’enfant est décédée quelques heures plus tard à l’hôpital.
Samia et Nari, qui ont vécu ce drame cette nuit-là, nous font part de leur histoire, soulignant les risques encourus par toute personne tentant de traverser la mer Méditerranée.
Nari : « Nous avons quitté la Syrie et nous nous sommes mariés au Liban en février 2024. C’est là que nous nous sommes rencontrés. Mon frère est fiancé à sa sœur. Nous sommes tombés amoureux et avons décidé de nous marier.
Pendant cinq ans, j’ai tenté en vain d’obtenir l’aide de l’UNHCR. Il nous est impossible de retourner en Syrie, et la vie au Liban est tout autant insoutenable. Nous étions trois frères à vivre sous le même toit. C’est ce qui nous a poussés à partir, malgré l’opposition de notre famille. Nous savions que c’était dangereux… Une petite fille est morte pendant la traversée. »
Bien que la volonté de partir soit immense, la possibilité de partir est quant à elle d’une toute autre ampleur.
Nari : « Nous avons déboursé 2 500 dollars pour rejoindre Benghazi par avion. Sur place, nous avons été mis en contact avec un homme syrien, Abu Ahmed, qui nous a présenté un officier militaire libyen. Ce dernier nous a extorqué 16 000 dollars sous prétexte d’organiser notre départ. Mais six mois plus tard, rien n’avait bougé, alors je les ai confrontés pour récupérer notre argent. Mais il a refusé, et nous a enlevés. J’ai été placé à l’arrière d’une voiture, elle [Nari] à l’avant. Après neuf heures de route, ils nous ont enfermés dans une maison à Zawiya, sans nourriture, sans rien. Ils exigeaient encore plus d’argent pour nous libérer. À mon avis, c’était juste pour nous faire taire. Nous étions retenus avec une autre famille. Nous avons été relâchés après 15 jours. »

Malgré une faible présence des instances judiciaires en Libye, l’espoir de vaincre l’impunité persiste ...
Nari : « En Libye il n’est pas possible de déposer plainte officiellement. Mais j’ai tout de même réussi à retrouver son identité. [Il nous montre une carte d’identité d’un homme en uniforme.] Quand je cherchais un passeur, quelqu’un m’a recommandé cet homme en m’envoyant sa carte pour prouver qu’il faisait partie de l’armée. Je souhaite que cet escroc se fasse juger. Beaucoup de personne souffrent par sa faute. Il vole, il tue. Il ne pense qu’à l’argent et à rejoindre l’Europe. Il a arnaqué beaucoup trop de personnes. »
... car même si cette première tentative fut un échec, le couple n’a pas baissé les bras.
Nari : « Nous avons finalement trouvé quelqu’un pour nous aider à traverser, un homme Syrien. Nous l’avons payé 8’000 dollars chacun. C’est ma famille qui a payé. Nous avons traversé une première fois, mais nous avons été interceptés. Du fait que nous étions un couple Syrien nous n’avons pas été incarcérés. Si vous êtes seul et d'une autre nationalité que Syrienne, vous seriez emprisonné. »
« Nous sommes Yézidis. La vie en Syrie comme au Liban était extrêmement difficile pour nous.
Tout cela, nous le faisons pour notre famille, pour notre futur enfant.
Moi, je rêve de devenir tailleur. »
Samia : « Et moi, j’aimerais travailler dans un salon de beauté. C’était notre métier au Liban. »
L’intervention de SOS MEDITERRANEE n’est qu’une étape parmi tant d’autres.
« Lors de notre arrivée en Europe, nous ne savons pas où nous irons. Mais nous poursuivrons notre route jusqu’à ce que notre rêve devienne réalité. »
Lire le récapitulatif de cette opération de sauvetage
Témoignage recueilli par Lucille Guenier
Crédit photo : Charles Thiefaine/SOS MEDITERRANEE
*Les noms ont été modifié pour protéger l’identité de ces rescapés.
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