Le 24 août, l’Ocean Viking a été délibérément pris pour cible par les garde-côtes libyens alors qu’il menait une opération de sauvetage en Méditerranée. Après cette attaque, si les 87 rescapé·es et les membres d’équipage ont finalement pu débarquer à Augusta, en Sicile, le navire et ses équipes ont toutefois été maintenus bloqués plusieurs jours au mouillage, privés d’assistance essentielle. Les opérations sont temporairement interrompues.

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23 août, 2h30 - Premier sauvetage de 47 personnes

L'Ocean Viking a secouru durant la nuit du 23 au 24 août 47 personnes, dont 9 mineurs.es non accompagnés.es, d'un bateau pneumatique en détresse. La plupart des personnes rescapées fuyaient le Soudan-

Les autorités italiennes ont assigné le lieu sûr de Marina di Carrara un port se situant à plus de 1'300 km, requérant 3 jours et demi de navigation.

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24 août, 12h00 - Deuxième sauvetages de 40 personnes‍

Un signalement a été fait à l'Ocean Viking, communiquant la présence d'un autre bateau en détresse. Après réception du feu vert de la part des autorités compétentes, le navire a effectué ce deuxième sauvetage. 40 personnes en provenance du Soudan on été secourues.

Les deux sauvetages ont eu lieux dans la zone de Recherche et Sauvetage (SAR) libyenne.

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24 août, 15h03 heure locale - Attaque armée par la Garde-côtière libyenne contre l'Ocean Viking

Peu de temps après le deuxième sauvetage, l'Ocean Viking fut signalé de la présence d'une troisième embarcation en détresse. Le Centre de coordination italien autorisa notre équipe à interrompre sa route vers le port qui lui avait été assigné.

En pleine recherche, le navire a été approché par un navire des garde-côtes libyens, qui nous a ordonné - de manière illégale - de quitter la zone et de mettre le cap vers le nord. L’instruction a d'abord été transmise en anglais, puis en arabe avec la traduction de notre médiateur culturel à bord. Ce dernier a ensuite informé les garde-côtes que l'Ocean Viking quittait la zone.

Sans aucun avertissement ni ultimatum, deux hommes à bord du patrouilleur ont ouvert le feu sur notre navire, nous soumettant à des tirs incessants pendant au moins vingt minutes. 

Le patrouilleur a encerclé l’Ocean Viking, visant délibérément les membres d'équipage sur la passerelle, la partie du navire où se trouvent les postes de navigation et de pilotage. L'attaque a causé des impacts de balles à hauteur de tête, la destruction de plusieurs antennes, quatre fenêtres brisées sur la passerelle et plusieurs balles ont touché et endommagé les trois bateaux de sauvetage rapides (RHIBs), ainsi que d'autres équipements de sauvetage.  

Les équipes de SOS MEDITERRANEE et de la FICR ont heureusement pu mettre en sécurité les 87 personnes rescapées avant de se réfugier à leur tour à l'intérieur du navire. Personne n'a été blessé. 

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--> Lire le communiqué de presse à ce sujet

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25 août - Débarquement des personnes rescapées à Augusta, mise en isolement de l'équipage sur le bateau

Quatre jours après l’attaque, notre équipage est bloqué à bord de l’Ocean Viking. A la suite du débarquement des 87 rescapé.es à Augusta, le navire a reçu l’instruction de rester au mouillage à l’extérieur du port. 34 personnes, dont 25 membres des équipes de SOS MEDITERRANEE et de la FICR, ainsi que 9 personnes de l’équipage, sont bloquées à bord et n’ont pas encore été autorisées à mettre pied à terre, ni à recevoir l’assistance essentielle nécessaire.

Lors du débarquement, un rescapé a été placé à l’isolement par l’USMAF (les autorités sanitaires italiennes responsables de l’évaluation sanitaire à l’arrivée) car testé positif à la tuberculose. Le cas avait été identifié plus tôt par les équipes médicales à bord et orienté le patient vers les autorités sanitaires italiennes pour suivi médical à l’arrivée. Les autorités sanitaires italiennes n’ont, sur ce motif, pas accordé la « free pratique » à l’Ocean Viking — une déclaration nécessaire pour permettre à l’équipage de débarquer, une fois certifié par les autorités compétentes que le navire est exempt de maladies infectieuses.

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27 août, 11h19 - Intervention du personnel médical italien à bord du bateau

Du personnel médical italien est monté à bord du navire afin d’administrer le test de Mantoux (intradermoréaction tuberculinique) à l’ensemble de l’équipage. Les résultats de ce test nécessitent entre 48 et 72 heures et sont attendus au plus tard le samedi 30 août.

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--> Lire le communiqué de presse à ce sujet

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29 août 2025 - Levée des mesures sanitaires d'isolement, débarquement de l'équipage

Après avoir été bloqués plusieurs jours au mouillage à l’extérieur du port d’Augusta, les membres de l’équipage peuvent enfin débarquer. Les autorités sanitaires ont levé la mesure d’isolement qu’elles avaient imposée. Les 34 personnes qui étaient encore à bord vont pouvoir se reposer et se remettre du traumatisme de l’attaque.

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5 septembre 2025 - Procédures pénales engagées par SOS MEDITERRANNEE

SOS MEDITERRANEE a engagé une procédure pénale auprès des procureurs italiens, dans le cadre d’une enquête déjà ouverte après l’attaque armée contre l'Ocean Viking. Il s’agit de la première étape d’une série d’actions juridiques visant à traduire en justice les responsables de cette attaque.

La plainte demande que les auteurs de l’attaque et leurs commanditaires soient poursuivis pour tentative d’homicide multiple, tentative de naufrage, dommages causés à un navire, ainsi que pour toute autre infraction que l’autorité judiciaire jugera applicable.

L’engagement de poursuites pénales n’est qu’une première étape pour demander des comptes aux auteurs. Des poursuites judiciaires complémentaires seront engagées au niveau international afin de faire reconnaître la responsabilité de la chaîne de commandement au sein des garde-côtes libyens, ainsi que celle des institutions et des États qui continuent de les financer, de les équiper et de les former.

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SOS MEDITERRANEE exige d'urgence :

• Une enquête indépendante et transparente sur les faits et la mise en cause des auteurs et de leurs soutiens ;  

• La suspension  de tout soutien financier, matériel et opérationnel de l’Union européenne et de l’Italie aux garde-côtes libyens ; 

• L’abolition du protocole d’accord entre l’Italie et la Libye de 2017¹ et la fin du programme SIBMMIL².

• La suspension et le réexamen de la reconnaissance de la région de recherche  et de sauvetage libyenne par l’Organisation maritime internationale (OMI) avec un audit organisé dans le cadre du programme d’audit des États membres.

• La  protection effective des ONG humanitaires de recherche et de sauvetage, y compris la fin de leur criminalisation et des obstructions administratives.

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Désormais, nous devons recenser les dégâts, effectuer les réparations, évaluer les conditions d’un retour sécurisé, traduire les responsables de l’attaque en justice et interpeller l’Europe afin qu’elle protège les équipes humanitaires.

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SOS MEDITERRANEE fait partie des plus de 40 organisations de la société civile qui ont cosigné une lettre ouverte à la Commission Européenne demandant la suspension du financement des garde-côtes libyens à la suite de leur attaque contre l'Ocean Viking. La lettre, qui a été rapportée par Politico, peut être consultée en anglais ici.

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Crédits photos : Max Cavallari / SOS MEDITERRANEE