Morgane Dujmovick, cartographe et politiste a retracé les parcours des personnes migrantes secourues par l'Ocean Viking.
Une étude en sciences sociales menée auprès des personnes rescapées sur l’Ocean Viking
Pays d'origine
Date de sauvetage
Âge


Dans un article paru dans la revue de diffusion scientifique The Conversation, la chercheuse Morgane Dujmovic, géographe et politiste spécialisée sur les questions de frontières et de migrations, revient sur le fruit d’une étude menée en pleine mer auprès de personnes secourues par l’Ocean Viking en 2023 et 2024, selon des « méthodes de recherche créatives et collaboratives permettant d’encourager l’expression des savoirs qui se construisent en migration ».
Lire l’étude (en français) dans The Conversation
Impressionnante mine d’informations, l’étude s’est déroulée au fil de cinq rotations de six semaines chacune. Elle visait à recueillir de manière directe la parole de personnes rescapées sur trois moments-clés de leurs parcours : le sauvetage en mer, la prise en charge sur le navire, et enfin les projets et parcours de migration, du pays de départ jusqu’aux lieux d’installation imaginés en Europe.
« C’est la première fois depuis très longtemps que quelqu’un me demande ce que je pense et quelles sont mes opinions sur les choses. », un rescapé sur l’Ocean Viking.
En plus des 110 questionnaires remplis par des rescapé.e.s lors de ses passages à bord, la chercheuse au CNRS s’est également appuyée sur des ateliers au cours desquels elle utilisait des cartes géographiques pour recueillir leur témoignage : « l’utilisation des cartes permet de communiquer avec des personnes dont on ne partage pas la langue ».

Sur le pont de l’Ocean Viking ou dans les abris destinés aux personnes rescapées, « j’ai proposé des ateliers participatifs de cartographie sensible : une soixantaine de personnes s’en sont emparées, en retraçant les étapes, les lieux et temporalités de leur voyage par des cartes dessinées » explique-t-elle. Si ces temps d’échanges, organisés lors du long transit vers des ports éloignés, ont contribué à fournir de la matière à la scientifique tout en occupant les personnes rescapées qui s’étaient portées volontaires, elle n’avait « pas anticipé que ces gestes et tracés puissent aussi contribuer à leur rafraîchir l’esprit, à se réapproprier des repères ou à valoriser le chemin parcouru », comme l’a confié l’un d’eux.
Une mine de données quantitatives et qualitatives
Avec ces nombreux témoignages, Morgane Dujmovic apporte ainsi un éclairage qualitatif mais aussi quantitatif sur nombre de questions, comme la durée du trajet migratoire ou les lieux perçus comme les plus dangereux. « Parmi 69 des 110 personnes ayant répondu au questionnaire, 37,6 % avaient quitté leur pays d’origine la même année, mais 21,7 % voyageaient depuis plus de cinq ans et 11,5 % depuis plus de 10 ans. […] Sur les 136 situations de danger décrites dans l’étude, 50% sont localisées en Libye – contre 35,3% en mer, 8,8% dans le pays d’origine et 5,9% à d’autres frontières, le long des parcours migratoires ». Ses résultats sont illustrés de graphiques mais aussi de photographies, de dessins et de cartes, certaines produites par les personnes rescapées.

C’était la première fois qu’une chercheure montait à bord du navire de SOS MEDITERRANEE pour mener une étude scientifique. Toutes les équipes (sauvetage, soins médicaux, protection, logistique et communication) ont accueilli favorablement une telle initiative et ont été formées à la méthodologie d’enquête. Charlie, membre de l’équipe de sauvetage depuis 2016, y a tout de suite vu une occasion unique pour améliorer la prise en charge à bord. « Ce travail est vraiment utile car nous cherchons constamment à nous améliorer. Mais la chose dont je suis vraiment curieux, c’est ce qui se passe avant. Je parle avec les personnes secourues parfois mais je voudrais en savoir plus sur elles. »
Afin de valoriser les résultats, une exposition des productions visuelles est en cours de préparation.
Lire l’étude dans The Conversation
Crédit de la photo en haut de page : Newsha Tavakolia/SOS MEDITERRANEE
Crédit de la photo dans l'article : Tess Barthes/SOS MEDITERRANEE
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