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Neerav* - Nous étions entre 60 et 70 personnes sous le pont, dans un espace où l’air était rare.

February 17, 2025

Neerav* a 32 ans et vient du Bangladesh. Père de deux jeunes enfants, il a été secouru le 6 novembre 2024, en même temps que 139 autres personnes.

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Neerav* - Nous étions entre 60 et 70 personnes sous le pont, dans un espace où l’air était rare.

Neerav

February 17, 2025

Pays d'origine

Bangladesh

Date de sauvetage

November 6, 2024

Âge

32
Neerav* a 32 ans et vient du Bangladesh. Père de deux jeunes enfants, il a été secouru le 6 novembre 2024, en même temps que 139 autres personnes, alors qu’il se trouvait à bord d’une embarcation en bois surchargée et non adaptée à la navigation en haute mer, dans la zone de recherche et de sauvetage libyenne. Il a passé au moins 10 heures sous le pont, entassé avec 60 à 70 autres personnes, dans un espace où l’air manquait et où il a inhalé des vapeurs de carburant.
 
Le témoignage de Neerav*

Avant la pandémie de COVID-19, je travaillais quelques mois par an en Malaisie. Cela suffisait pour subvenir à mes besoins. Mais avec la pandémie, il n’y avait plus de travail. Je n’avais plus aucun moyen de nourrir ma femme et mes deux enfants. J’ai demandé de l’aide à mon oncle, qui appartenait à un parti d’opposition dans notre région. Il m’a soutenu pour ouvrir un café, qui est vite devenu populaire. Mon commerce fonctionnait bien, et je pouvais offrir une meilleure vie à mes enfants.

 

Un jour, des membres du principal parti politique rival sont venus boire un café dans mon établissement. Quand je leur ai demandé de payer, ils m’ont violemment agressé. J’ai réussi à m’enfuir, mais je savais que cela n’en resterait pas là. Peu après, j’ai appris qu’ils étaient allés chez mon oncle et l’avaient poignardé à mort.

 

Pour protéger ma femme et mes enfants, je les ai immédiatement cachés chez des proches. Mais en retournant à mon café, j’ai découvert qu’il avait été détruit et tout mon argent volé. Quand je suis rentré chez moi, ma maison aussi avait été mise à sac. Ils avaient pris toutes mes économies, ainsi que les objets de valeur de ma famille et même nos animaux. Je savais qu’ils me traqueraient aussi. Je n’avais pas d’autre choix que de fuir.

 

J’ai contacté quelqu’un qui travaillait à l’aéroport pour organiser un voyage vers l’Égypte, puis la Libye.

 

Dès mon arrivée, des Libyens nous ont interceptés et entassés à 13 dans une voiture. Nous avons été enfermés dans une maison, où on ne nous donnait qu’une bouteille d’eau. En 15 jours, nous n’avons eu à manger que huit fois.

Ils exigeaient de l’argent, mais j’avais déjà payé. Un jour, ils nous ont conduits sur une plage et forcés à monter dans un bateau en bois. Je ne savais même pas où nous allions. Tout ce que j’avais dit à ces hommes, c’est que je ne pouvais pas retourner au Bangladesh, car ma vie y était en danger.

 

À bord, les passagers bangladais et pakistanais étaient entassés à l’intérieur du bateau, tandis que ceux venant de Syrie et d’Égypte se trouvaient sur le pont supérieur. Nous étions entre 60 et 70 personnes sous le pont, dans un espace où l’air était rare. Dès que l’embarcation a pris la mer, la cale s’est remplie de vapeurs de carburant. Nous ne pouvions plus respirer. J’ai vomi à plusieurs reprises.

 

À côté de moi, un jeune garçon a eu la peau gravement brûlée par un mélange d’eau de mer et de carburant qui s’était accumulé sous nos pieds. Sa chair se détachait.

 

Je me souviens d’avoir lentement perdu connaissance, avant d’être secoué par un ami pour me réveiller. En ouvrant les yeux, il ne restait que trois personnes à l’intérieur du bateau. Quand on m’a tiré hors de la cale, j’étais trop faible pour marcher, mais j’ai compris que nous étions sauvés. Je n’arrivais pas à y croire.

 

*Le nom du survivant a été modifié pour protéger son identité.

Photo principale : Camille Martin Juan / SOS MEDITERRANEE

 

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